Ancien triathlète junior, la carrière sportive d’Anthony Berthou s’est arrêtée brutalement à cause de la maladie de Lyme. Convaincu très jeune que l’aliment est le premier des médicaments, le sportif s’est tourné naturellement vers la diététique. Depuis plus de vingt ans, ce nutritionniste défend une approche globale et écologique de la nutrition. Dans son ouvrage Du bon sens dans l’assiette publié aux éditions Actes Sud, il passe au crible notre mode de vie depuis l’époque des chasseurs-cueilleurs.
L’allure élancée d’Anthony Berthou ne trompe pas sur son passé de sportif de haut niveau. L’homme de 43 ans, ancien triathlète junior, a dû mettre un terme à sa carrière sportive à l’âge de 20 ans en raison de la maladie de Lyme. Sa voix posée illustre à merveille son mantra : « Bien dans ses baskets, son assiette et sa tête ». Mais parce que le fonctionnement du corps humain ne se réduit pas seulement au contenu de notre assiette, le nutritionniste s’est formé en physiopathologie nutritionnelle, en micronutrition et aux enjeux écologiques pour mieux informer les professionnels de santé, comme le grand public. Dans son ouvrage Du bon sens dans l’assiette, Anthony Berthou remonte à l’époque des chasseurs-cueilleurs pour mettre en perspective nos modes de vie contemporains.
Une vie en boîte
« Le clin d’œil à ces chasseurs-cueilleurs sert à faire prendre conscience aux gens que nos ancêtres étaient en mouvement perpétuel, vivaient selon le rythme du soleil et mangeaient selon les saisons. Aujourd’hui, nous dormons dans des boîtes, nous travaillons dans des boîtes, nous mangeons de la nourriture transformée, nous sommes complètement déconnectés de la nature et de son rythme. »
Pour Anthony Berthou, notre corps s’est tellement sur-adapté aux changements de mode de vie qu’il n’arrive plus à suivre. Il s’intéresse beaucoup à ce que les scientifiques appellent communément « l’inflammation de bas grade » : une inflammation « silencieuse », que l’on a « du mal à détecter ». « L’inflammation est une réaction indispensable de défense de l’organisme en cas d’infection ou de blessure. Mais si l’organisme ne parvient plus à la réguler, notamment en cas de pathologie ou si un individu adopte un mode de vie inadapté, cette inflammation peut devenir chronique et délétère. »
Nouveaux gènes pour une nouvelle vie
Pour ce nutritionniste chevronné, la plupart des maladies contemporaines (maladies cardiovasculaires, Alzheimer, syndrome de l’intestin irritable, cancers, maladies auto-immunes, etc.) sont dues à cette inflammation de bas grade. « La bonne nouvelle c’est que 80% de nos gènes sont modulables par notre mode de vie. » En agissant sur notre alimentation, l’activité physique, le sommeil et notre environnement, Anthony Berthou démontre que notre santé peut vite s’améliorer.
Ses conseils ? En premier lieu, privilégier une alimentation la moins transformée possible avec des aliments bruts, locaux et/ou biologiques, limiter les aliments à charge glycémique élevée, et notre consommation de viande rouge à une portion tous les 9 jours. Second conseil : bouger au maximum. « L’homme n’est pas fait pour rester 7h assis derrière un écran,on devrait bouger 5 minutes toutes les 25 minutes, la sédentarité est la cause de nombreuses inflammations. » Autre recommandation : s’éloigner des écrans dès que le soleil se couche car la lumière bleue dérègle profondément l’hormone du sommeil. Et enfin : prendre du plaisir. « Il est impératif pour aller bien d’apprécier ce que l’on fait : manger, bouger, jardiner, retrouver des amis. La socialisation est une composante essentielle du bien-être de l’individu. »