Valérian Henry : "je voulais sortir de l'univers très codifié masculin du cow-boy".

Écrit par : Myriam Baudet

Licence : CC BY-NC-SA

Publié le : 19/03/24

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Une photographie de Valérian Henry qui sourit devant ses dessins réalisés pour l'installation participative L'Ouest fantastique à la Bibliothèque des Champs Libres.
Valérian henry, TDR Une photographie de Valérian Henry qui sourit devant ses dessins réalisés pour l'installation participative L'Ouest fantastique à la Bibliothèque des Champs Libres.

Jeune designer et illustrateur rennais, Valérian Henry a créé l'installation participative L'Ouest fantastique  à découvrir à la Bibliothèque, chez les enfants. Il nous en dit plus sur son univers graphique épuré et coloré.

Une photographie de Valérian Henry qui sourit devant ses dessins réalisés pour l'installation participative L'Ouest fantastique à la Bibliothèque des Champs Libres.
Valérian henry, TDR Une photographie de Valérian Henry qui sourit devant ses dessins réalisés pour l'installation participative L'Ouest fantastique à la Bibliothèque des Champs Libres.

Comment est venue la thématique du western pour ce projet ?

Valérian Henry : En faisant mes recherches graphiques, je me suis rendu compte que le jeu vidéo, Red Dead Redemption, était une source iconographique très riche. C'est un jeu vidéo hommage au western, il y a beaucoup de références à des films, des personnages, des histoires, aussi bien dans la narration que graphiquement. On retrouve tous les éléments de décor : le train, le désert, la montagne, la neige, les ranchs, les chevaux...

J'ai revu pas mal de vieux westerns pour le projet et aussi des films plus récents comme les films de Tarantino, Les huit Salopards, Django Unchained. Il y a également La Ballade de Buster Scruggs en six volets des frères Coen.

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre démarche artistique ?

Valérian Henry : J'essaie d'aller à l'essentiel, même si ça évolue. Quand je suis arrivé aux Beaux-Arts, c'était très géométrique. Aujourd’hui, j'essaie d'amener des techniques comme le feutre, le travail à la main, pour qu'il y ait plus de grain et d'irrégularités.

La trame de fond de mon travail reste la composition, la simplification des formes. Je pense que ça vient aussi du travail du bois parce que c'est plus simple de faire des formes géométriques que de faire des formes complexes. C'est comme ça que j'ai appris le travail du bois. Et puis, petit à petit, j'ai fait de plus en plus de formes à la main, un peu moins rigides.

 

Quelle est la place du jeu dans vos créations ?

VH : Avant de commencer à travailler sur les contes et légendes, aux Beaux-arts, le jeu avait une grande place dans mes créations. Je trouvais cet univers riche, plus rigolo que le design d'objets qui est plus fonctionnel, plus classique.

Lorsque je crée un jeu, pour une exposition collective, qui va être sur socle, figé pendant le temps d'exposition, c'est toujours pensé pour que ça puisse être utilisé dans un autre cadre. Sûrement parce que je viens des arts appliqués, du design.

 

Qu'est-ce qu'apporte ce côté ludique ?

VH : Avec le jeu, on sort du côté fonctionnel du design et on touche à quelque chose d’un peu plus poétique. Le jeu de construction peut permettre au public de créer son personnage, comme avec le principe d'addition de mon livre Oiseau + Oiseau ou de raconter des histoires, comme je l'ai fait avec des contes comme Le Petit Chaperon rouge. L'idée c'est que la manipulation de l'objet suive la mécanique narrative, d'où la création de personnages avec ce système de formes qui s'ajoutent. Ici, le loup mange le Petit Chaperon rouge et vous pouvez mettre quelque chose dans le ventre du loup.

 

À la Bibliothèque des Champs Libres, dans l'espace "chez les enfants", vous proposez une installation sur le thème du Western. Comment est venue cette thématique ?

VH : Depuis mon diplôme, j'ai beaucoup travaillé à partir des contes, des légendes et des mythes. La mythologie de l'Ouest rentre dans cette approche : Il y a ce territoire de légendes, autour de l'or, de bandits, de l'ambiance des films western...

Cette thématique a sa place dans un univers enfantin, avec des références comme Lucky Luke, par exemple.

 

Vous avez développé une technique particulière sur ce projet ?

VH : Je me suis inspiré du livre Le bandit au colt d'or de Simon Roussin, dessiné au feutre. Les enfants ont l'habitude d'utiliser des feutres, ce n'est pas une technique abstraite pour eux, ce n'est pas de la peinture à l'huile par exemple. Ça m'a donné une contrainte et en même temps, dans l'architecture du western, je voyais déjà bien ce travail à la ligne de feutre.

Au-delà du feutre, j'aime bien travailler avec des techniques assez simples et les "pousser" un peu. Et là, je m'étais dit qu'on pouvait superposer les teintes et sortir de la gamme de 18 couleurs proposées par la boîte de feutres. Les bandes-dessinées comme Blueberry, Buffalo Runner m'ont inspiré, avec l'idée du trio de couleurs qui crée l'ambiance. Dans L'Ouest fantastique, le décor de la forêt de sapins est dessiné avec très peu de couleurs.

 

Comment les animaux ont pris place dans le décor ?

VH : Il y a une série d’animaux cachés dans les décors en bois qui sont inspirés des figures principales de la mythologie Amérindienne, c’était important que ces divinités soient aussi présentes dans l’installation.

Le fait de pouvoir créer des personnages/animaux permettait aussi de sortir de l'univers très codifié masculin du cow-boy. Les visiteurs créent ainsi les personnages qu’ils souhaitent, on sort des clichés genrés : ça va des pirates à la licorne !

 

Comment avez-vous abordé l'enrichissement des décors par les enfants ?

VH : J'aime bien les projets qui évoluent avec le public : c'est parfois compliqué mais toujours intéressant. Il faut que les choses soient assez cadrées au début. Un peu comme les ateliers scolaires, où il y a un équilibre à trouver entre ce que l'on apporte comme projet, et l'espace de liberté laissé aux enfants pour qu'ils puissent s'exprimer.

Les paysages imaginés étaient assez aérés sachant qu’il y allait avoir des personnages pour les "habiller". À part la ville, qui est peut-être un peu plus dense, il y a de la place entre les différentes d'illustrations, ça attendait juste d'être complété par le public et ça a très bien marché.

 

Vous reviendrez cet été proposer un nouveau "cherche et trouve" géant à la Bibliothèque, pouvez-vous nous en dire un mot ?

VH : Je vais créer une nouvelle série d'illustrations, faite de personnages et d'objets, toujours sur la thématique du western. Ce n'est pas le genre d'illustration que je maîtrise le mieux mais j'ai hâte de commencer les recherches graphiques et les premières ébauches.

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